Jordi Savall, accompagné de Hespèrion XXI et de La Capella Reial de Catalunya, entreprendra une tournée à travers le Canada et les États-Unis avec le programme « Les Larmes et le Feu des Muses », dédié à Claudio Monteverdi.
Pour la deuxième fois cette année, Jordi Savall revient en Amérique du Nord, proposant une immersion profonde dans l’univers musical de Monteverdi.
Les concerts seront interprétés par un quintette vocal de La Capella Reial de Catalunya et un quintette de violes de gambe de l’ensemble instrumental Hespèrion XXI, qui célèbre cette année son 50e anniversaire. Tous les concerts seront dirigés par Jordi Savall.
La tournée débutera le 6 octobre au Palais Montcalm à Québec, suivie d’un concert le 7 octobre à la Maison Symphonique de Montréal. Elle se poursuivra ensuite aux États-Unis avec trois nouvelles dates : le 8 octobre au Chicago Symphony Center, le 10 octobre au Town Hall de Seattle et, pour clore la tournée, le 12 octobre au Zellerbach Hall à Berkeley, en Californie.
Les larmes et le feu des muses
CLAUDIO MONTEVERDI RÉVOLUTION
Arianna se réveille et découvre que Thésée l’a abandonnée sur l’île de Naxos. Dans son désespoir, elle s’écrie : « Lasciatemi morire, lasciatemi morire » (Laissez-moi mourir, laissez-moi mourir !). Le début d’Il Lamento d’Arianna est construit sur des tensions mélodiques qui attirent le public vers le bas, comme s’il coulait dans une larme, et vers le haut, comme s’il montait vers les cieux, plein de douleur, reflétant une tourmente intérieure et solitaire. Cette intensité dramatique, difficile à interpréter mais profondément palpable, a captivé le public dès sa création à Mantoue en 1608, et sa popularité s’est rapidement étendue à toute l’Europe.
Ce recueil de quatre madrigaux est le seul fragment conservé de l’opéra Arianna, composé par Claudio Monteverdi sur un livret d’Ottavio Rinuccini, d’après le récit mythologique de la princesse crétoise. Arianna est le deuxième opéra de Monteverdi, une œuvre qui a non seulement marqué un tournant important dans sa carrière, mais qui a aussi profondément influencé le paysage créatif de la fin du XVIe siècle. Arianna est devenue le symbole de l’héroïne trahie et l’archétype de l’amante blessée : après avoir sauvé Thésée du labyrinthe du Minotaure, elle est abandonnée à son sort par celui-ci, et elle est restée amoureuse de lui jusqu’à sa mort.
Bien que la forme musicale connue sous le nom de madrigal soit apparue pour la première fois vers 1510, Monteverdi l’a raffinée et fait évoluer, publiant finalement neuf livres (ce concert présente des œuvres des sixième et septième livres). Il a mis la musique au service du texte, captivant les auditeurs par une force poétique poignante, et s’est montré particulièrement novateur dans l’expression de la souffrance et de la douleur humaines. Monteverdi ne cherchait pas à créer de belles mélodies ou des harmonies agréables, mais à transmettre un message, à communiquer par l’expression émotionnelle et à ne laisser personne indifférent.
Dans ce programme, Jordi Savall démontre l’influence de Monteverdi sur les compositeurs anglais et allemands. Nous entendrons des œuvres de Samuel Scheidt, l’un des compositeurs luthériens les plus fascinants du début du XVIIe siècle, qui a adopté les techniques expressives du madrigal italien. En outre, nous explorerons la musique d’Anthony Holborne et de John Dowland, qui ont souvent utilisé la mélancolie et la complainte dans leurs efforts pour créer une union plus étroite entre le texte et la musique, en mettant l’accent sur les mots par des moyens spécifiquement musicaux. Ainsi, ce concert présente les larmes – les lamentations, le chagrin – et le feu – la colère, l’impuissance – des muses.
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