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J.S. BACH L’Ofrena Musical

Jordi Savall, Le Concert des Nations

15,99

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Reference: AV9817

  • Jordi Savall
  • Le Concert des Nations

De toutes les œuvres tardives de Bach, pages majeures synthétisant son art et sa science, l’Offrande musicale est de longue date la plus célèbre. Cette notoriété auprès des mélomanes a précédé celle des Variations Goldberg ou de L’Art de la fugue, que n’ont pas rejoints le deuxième livre du Clavier bien tempéré, les Variations canoniques ou les Chorals de Leipzig pour orgue.
A cela, plusieurs raisons, à commencer par les charmes de l’admirable Sonate en trio qui en occupe une large part. Les musiciens d’aujourd’hui ajouteront l’intérêt passionné que portaient Schoenberg et Stravinsky à ses canons, ou le regard scrutateur de Webern qui proposa une orchestration magistrale de son Ricercar a 6. Peut-être, aussi, la part d’anecdote plus ou moins légendaire attachée à sa genèse a-t-elle pu entretenir la curiosité des auditeurs pour une œuvre qui demeure cependant entourée d’une part de mystère.
On ne reviendra que brièvement sur les circonstances qui ont suscité cette Offrande. Carl Philipp Emanuel Bach, fils cadet de Johann Sebastian, est depuis plusieurs années claveciniste du jeune roi de Prusse Frédéric II ; et le monarque, passionnément épris de musique, le presse d’amener « le vieux Bach » à sa Cour. Au printemps de 1747, âgé de 62 ans, celui-ci se rend donc à Potsdam, accompagné de son fils aîné Wilhelm Friedemann. Sitôt arrivé, il doit paraître au château. La presse rapporte ainsi l’événement : « Le soir, à peu près au moment où la Musique ordinaire de la Chambre entre habituellement dans les Appartements royaux, on annonça à Sa Majesté que le Capellmeister Bach était arrivé à Potsdam et qu’il se trouvait alors dans Son antichambre où il attendait la très gracieuse autorisation d’entendre la musique. Sa Majesté donna immédiatement l’ordre de le faire entrer, se mit aussitôt à l’instrument nommé forte et piano, et eut la bonté de jouer en propre personne, sans aucune préparation, un thème sur lequel le Capellmeister Bach dut improviser une fugue. […] M. Bach trouva si dense et si beau le thème qui lui avait été donné qu’il veut le coucher sur papier en une véritable fugue et le faire ensuite graver sur cuivre ».
Un peu plus tard, dans la nécrologie qu’il consacre à son père, Carl Philipp Emanuel confirme ce récit, ajoutant : « Après son retour à Leipzig, il mit sur le papier une pièce à trois voix et ce que l’on appelle un ricercar à six voix, outre quelques pièces sur le thème que lui avait donné Sa Majesté, puis il dédia au roi l’œuvre gravée sur cuivre ».
En tête de l’œuvre, Bach a noté : Regis Iussu Cantio Et Reliqua Canonica Arte Resoluta (Morceau réalisé par ordre du roi, et autres morceaux résolus suivant l’art du canon). Cette inscription forme en acrostiche le mot Ricercar, désignant à la fois l’esprit de recherche dont procède l’œuvre, le genre de la fugue et les deux pièces, à trois et à six voix, qui en sont les piliers fondamentaux.
On n’entrera pas ici dans les détails – complexes – de ce qui s’est produit ensuite, sinon pour dire que Bach fit graver l’œuvre peu à peu, en cinq fascicules distincts, mais qu’il n’en existe nulle part aujourd’hui d’exemplaire complet et dûment folioté. D’où les conjectures multiples sur le caractère éventuellement incomplet de l’œuvre, l’ordre de ses morceaux et les intentions symboliques selon lesquelles les pièces pourraient s’agencer.
L’ordre ici choisi par Jordi Savall ne se veut pas une démonstration musicologique, mais la lecture d’un musicien face à une partition particulièrement riche et complexe, dont rien ne dit aujourd’hui avec certitude comment l’aborder. Jordi Savall a opté pour la belle construction en arche qui paraît la plus satisfaisante : au Ricercar a 3 initial répond à la fin le Ricercar a 6, comme l’aboutissement de toute la réflexion contrapuntique ; au centre, la Sonate en trio. L’originalité des choix de l’interprète se manifeste en plusieurs points, comme l’énoncé du Thema Regium pour commencer, la présentation renouvelée de plusieurs pièces (dont le Ricercar a 6, entendu une première fois pour clore la première partie), ou le déploiement progressif des canons.

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