TOUS LES MATINS DU MONDE

Jordi Savall, Le Concert des Nations, Montserrat Figueras

17,99


Referència: AVSA9821

  • Jordi Savall

Banda sonora original del film d’Alain Corneau – Dirección musical : Jordi Savall

Marche pour la cérémonie des Turcs (Jean-Baptiste Lully)
Improvisations sur les “Folies d’Espagne” (Marin Marais) : extraits
Prélude pour Mr. Vauquelin (Improvisation d’après le Prélude en sol mineur de Mr. de St. Colombe le fils)
Gavotte du Tendre (Mr. de Sainte Colombe)
Une jeune fillette (Mélodie populaire – Arrangement Jordi Savall)
Les Pleurs (Mr. de Sainte Colombe / version viole seule de Jordi Savall)
Concert à deux violes “Le Retour” (Mr. de Sainte Colombe)
La Rêveuse (Marin Marais, 4e livre de Pièces de viole)
Troisième Leçon de Ténèbres à 2 voix (François Couperin)
L’Arabesque (Marin Marais, 4e livre de Pièces de viole
Fantaisie en mi mineur (Arr. Jordi Savall d’après Mr.de Sainte Colombe le fils)
Les Pleurs (Mr. de Sainte Colombe, version à 2 violes)
Le Badinage (Marin Marais, 4e livre de Pièces de viole)
Tombeau pour Mr. de Sainte Colombe * (Marin Marais, 2e livre de Pièces de Viole)
Muzettes I – II (Marin Marais, 3e livre de Pièces de viole) *
Sonnerie de Ste. Geneviève du Mont-de-Paris (Marin Marais)

* Estas obras son un complemento a la música de la película


Décembre 1991. Un événement secoue le monde du cinéma français : la sortie du film Tous les matins du monde. Un film intimiste dont l’actrice principale est… la musique, celle d’un maître oublié, Mr. de Sainte Colombe et de son disciple Marin Marais. Le film remporte immédiatement un succès inattendu et se classe pendant plusieurs semaines au box office entre deux puissantes « machines » du cinéma américain, Terminator 2 et Bernard et Bianca, période de Noël oblige ! La bande originale du film suit immédiatement la même progression, se retrouvant dans les «charts» et autres «tops» toutes catégories, derrière Queen et devant Michael Jackson…
Ce succès invraisemblable récompensait à juste titre le fruit d’une collaboration étroite entre trois grands artistes, amoureux de musique ancienne, ayant relevé le défi de la placer au centre d’un film : le réalisateur Alain Corneau, l’écrivain et scénariste Pascal Quignard et Jordi Savall, directeur musical et interprète de la bande originale. Le film remportera sept Césars — dont celui de la meilleure musique de film, attribué à Jordi Savall — et, comme la bande originale, il recevra de nombreux prix internationaux.

Cette vague ne s’arrêtera pas à la France : le film sera distribué dans quelques 50 pays et le disque se vendra à plus d’un million d’exemplaires, chiffre exceptionnel pour des ventes classiques et jamais atteint pour un disque de musique ancienne. Le nombre de mélomanes s’accroît soudain, tous découvrent Sainte Colombe, Marin Marais, Jordi Savall. Les jeunes se tournent vers la musique ancienne, toute une génération est marquée par cette découverte qui sort du jour au lendemain cette musique du cercle des «initiés».

Dix ans après, en novembre 2001, Alia Vox fêta dignement le retour de ce disque exceptionnel au sein de sa collection avec une édition spéciale « 10e anniversaire », à tirage limité. Outre la nouvelle présentation dans un luxueux digipack illustré de photos du film et du tournage, et son disque bonus, la bande sonore avait fait l’objet d’une remasterisation en haute définition, mais néanmoins limitée par la qualité offerte par le compact disc. Trois ans plus tard, Alia Vox est allé encore plus loin dans la qualité sonore en proposant, en cet automne 2004, une version SACD hybride multicanal qui a fait l’objet d’un travail des plus soigné, aussi bien pour la chaleur, la profondeur et la pureté du son DSD que pour la spatialisation en cinq canaux qui place l’auditeur au centre de l’espace musical.

Tous les matins du monde fait partie des projets qui ont marqué et marquent encore le monde du disque. La réédition au format SACD hybride multicanal donne une troisième vie à ce disque, lui apportant une dimension sonore nouvelle.
Tous les matins du monde reste un enregistrement plein de poésie, d’émotion et de fraîcheur, et cette version SACD permet de redécouvrir ce disque mythique dans les meilleures conditions techniques actuelles.

Rappel de la revue de presse sur cet événement discographique

10 ANS APRÈS, PETITS EXTRAITS D’UNE REVUE DE PRESSE

L’instrumentiste est sans doute le plus grand : d’une finesse incomparable, d’une virtuosité transcendante, il a su rendre à chaque style sa grandeur. L’art de la viole est difficile entre tous, tant pour le compositeur que pour l’interprète, et peu sont parvenus à le maîtriser tout à fait. L’instrument rétif et facilement austère, d’une délicatesse qui frise la mièvrerie, limité dans sa puissance, il ne connaît aujourd’hui que quatre ou cinq virtuoses capables de la faire pleurer comme elle l’exige. Savall est le plus complet. Il a exploré sans faiblir un répertoire aussi vaste qu’inconnu.
Le Nouvel Observateur (France) / 12 décembre 1992
( … ) Il ne manque plus que l’essentiel : la musique. C’est-à-dire la participation d’un homme sans qui le film serait impossible, le seul qui connaisse la musique de Sainte Colombe et de Marin Marais, le seul qui la joue, le seul qui l’ait enregistrée : le violiste espagnol Jordi Savall, le plus grand interprète au monde de ce répertoire. Il se joint au duo Quignard-Comeau : le tiercé gagnant.
L’événement (France) / 12 décembre 1992
Jamais l’histoire dramatique et belle racontée dans « Tous les matins du monde » n’aurait pu voir le jour sans l’aide de Jordi Savall. Jordi Savall qui a redonné à la viole de gambe ses lettres de noblesses et qui, le premier, a imposé les œuvres de Marin Marais et du Sieur de Sainte Colombe.
Télérama (France) / 18 décembre 1992
«Tous les matins du monde» est un chef-d’œuvre, un témoignage et une chance. Et c’est une chance pour la musique en général et pour la musique baroque en particulier. Il y a des décennies que des musiciens travaillent à la défendre : Savall, Quignard et Corneau démontrent aujourd’hui que ce n’est pas une musique pour initiés mais une grande musique pour grande audience. Tant mieux.
Cadences(France) / Février 1992
Mais c’est le jeu de Jordi Savall qui retiendra l’attention de l’auditeur : qu’il joue Sainte Colombe ou Marin Marais, il convainc et force l’émotion par la puissance de son doigté et la pureté de son élocution. C’est la présence de Jordi Savall qui donne à cette bande de film sa qualité et sa classe.
Répertoire (France) / Janvier 1002
LES MATINS TRIOMPHANTS. Qui aurait pu imaginer que la bande?son du film entrerait au «Top 30» de RTL-Virgin ? Et pourtant le disque occupe, avec 70.000 exemplaires vendus, la quatrième place à ce classement derrière Queen, Michael Jackson et Etienne Daho, et avant le dernier Genesis. (…) Il n’empêche que la musique grand siècle n’avait jamais connu tant d’échos auprès du grand. public. (…) 10% des spectateurs du films ont donc acheté la bande originale de «Tous les matins du monde». Plus remarquable, la majorité de ces acheteurs se recrutent parmi les 15-30 ans. Hier confinés dans les circuits parallèles de la musique classique, les baroqueux, ces interprètes «d’art et d’essai» accèdent à la grande distribution.
Le Monde (France) / 11 janvier 1992
Deux mois après sa sortie, «Tous les matins du monde» est devenu un phénomène musical avec ses 100.000 exemplaires vendus de la bande sonore. Entré quatrième au top 30 RTL-Virgin, le disque, entièrement réalisé par Jordi Savall — gambiste, chef et directeur musical du film —, y est classé deuxième, juste derrière le groupe Queen.
Le Nouvel Observateur (France) / 20 février 1992
200.000 exemplaires vendus en France pour le disque de «Tous les matins du monde» par Jordi Savall. Un double disque d’or amplement mérité, d’autant que, grande première, il ne sagit pas de baroque saucissonné en compilation.
Télérama (France) / 28 octobre 1992

INTERVIEW: JORDI SAVALL
Tous les matins du monde … Dix ans après
Dix ans près sa sortie, le retour de « Tous les matins du monde » chez Alia Vox est-il un événement important pour vous ?
Oui, c’est très important symboliquement de récupérer la propriété et la diffusion d’un projet que nous avons produit nous-mêmes et qui est devenu un des enregistrements de musique ancienne ayant le plus marqué toute une époque. D’autre part, il s’agit d’un programme et d’une interprétation qui ont été réalisés après un grand travail de préparation, un soin minutieux des détails, une réflexion très approfondie sur l’interprétation de la musique française à cette époque et tout spécialement sur les manières et le style du jeu de la viole de gambe. Le résultat est un enregistrement qui, dix ans après, reste plein de poésie et d’une grande fraîcheur.
Qu’est-ce qui a motivé le choix du programme du disque bonus « Dix ans après » ?
Il nous est apparu intéressant d’accompagner le disque original d’une série de nouvelles pièces, pour orchestre ou pour viole soliste, précédés de la fameuse Marche pour la cérémonie des Turcs. Toutes ces pièces, enregistrées depuis 1999 pour Alia Vox, ont été faites avec un soin tout particulier apporté à la qualité de l’interprétation et au son. On y retrouve aussi la version complète de certaines œuvres comme le Prélude (Fantaisie) en mi mineur que l’on peut considérer actuellement comme un des plus beaux auto?portraits du méconnu Mr. de Sainte Colombe le fils, ou encore l’intégrale des Folies d’Espagne de Marin Marais dans l’édition révisée par l’auteur en 1701.
Quel enseignement tirez-vous de cette expérience unique ?
D’abord, il faut être conscient que l’interprétation d’une musique donne un résultat plus humain et plus significatif quand elle est étroitement liée à la vie, puisque c’est cette vie même (même si elle se déroule dans un monde fictif) qui nous aide à approfondir le sens de l’émotion. Nous avions conscience d’une situation exceptionnelle qui nous obligeait à saisir, plus que jamais, tous les moments magiques de chaque musique pour faire le contrepoids idéal de l’image ; c’est ainsi que pour insérer parfaitement les musiques dans le scénario du film, à chaque instant durant l’enregistrement, Alain Corneau et moi discutions, sur base du texte de Pascal Quignard, de la situation et du contexte humain dans lequel la musique allait devenir le noyau central, et sa signification dans la vie des différents personnages. C’est de cette manière que j’ai pris conscience des différences d’engagement et d’émotion qu’il pouvait y avoir entre jouer La Rêveuse en concert, «en abstrait», même dans les jours les plus inspirés, et le fait d’imaginer Marin Marais lui?même la jouant pour la dernière fois pour la jeune Madeleine mourante.
Dix ans après, y a-t-il une modification dans votre interprétation de la musique ancienne ?
Il y a toujours des changements dans l’interprétation et la vision des œuvres. Chaque jour, nous abordons les choses d’une manière différente, c’est une loi fondamentale du renouvellement de la vie, et tout spécialement en ce qui concerne l’interprétation de la musique. C’est, je dirais, une condition incontournable de toute approche artistique véritablement créative. Ceci dit et malgré de réelles différences de tempo et de caractère dans la nouvelle interprétation de certaines pièces —comme dans la Marche pour la cérémonie des Turcs —, je crois que le disque de Tous les matins du monde garde une modernité et une spontanéité absolument remarquables, même après 10 ans. Jamais je n’aurais imaginé l’extraordinaire stimulation que pouvait avoir cette expérience sur le développement de l’approche interprétative, grâce au pont que l’on établissait entre une musique oubliée et l’expression vivante d’un art de notre temps aussi fondamental que le cinéma.

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